17 rue de l'Odéon
75006 PARIS
ce dimanche, 19 octobre 1975
Chère Yvonne,
De retour à Paris pour la nouvelle année scolaire, je trouve dans mon courrier votre message avec la douloureuse nouvelle de la disparition de Maxime.
Jamais malade, toujours entreprenant et optimiste, je n'ai pas voulu croire d'abord, quand Emile Cioran en parlait que Maxime a du souffrir pendant de longs mois d'alitement. C'était en fin juillet, je pense que je pouvais vous téléphoner à la Crétinière , mais il était déjà impossible d'entendre la voix de Maxime toujours pleine d'enthousiasme et de chaleur. J'espérait pourtant qu'à la rentrée nous aurions l'occasion de nous revoir tous.Cette rencontre est devenue impossible à jamais.
Nous savons tous que toute consolation est vaine après le décès d'une personnalité incomparable. Maxime était pour moi non seulement un grand ami, mais aussi et surtout un interprète de la pensée française du siècle de Jean Jacques Rousseau. Un ami qui m'a fait aimer (et pénétrer) dans la langue française qu'il avait fait aimer à tant d'étrangers lors de ses multiples conférences à travers l'Allemagne et d'autres pays.
Admirateur de Wagner et de Hölderlin, interprète de la civilisation germanique aux francophones, de la civilisation française aux Allemands, Maxime restera dans la mémoire de tous ceux qui ont pu l'entendre ( et le lire)
Il y a à peu près quinze ans que nous avions pu faire connaissance lors des réunions des écrivains - membres de la "Kogge" à Minden, Blaukenberghe, Mondort les Bains que nous avions visitées ensemble. Maxime avait toujours trouvé un accueil enthousiaste.
On m'avait souvent demandé de ses nouvelles en Allemagne et on espérait toujours qu'il puisse revenir un jour, refaire ses grands voyages à travers le monde qu'il a tant aimé...
Je vous serre fraternellement les mains. A bientôt...
Horst SCHUMACHER
Editeur, auteur, traducteur
professeur à l' Ecole Centrale