L’Esprit de « l’Ilot »

 

«  Soyez béni, mon Dieu ! qui donnez la souffrance

Comme un divin remède à nos impuretés,

Et comme la meilleure et la plus pure essence

Qui prépare les forts aux saintes voluptés… »

 

A dit l’un des plus admirables poètes du siècle dernier.

Nous sortons de la souffrance et pouvons ajouter que nous l’avons subie entièrement : physique et morale. Et cependant Baudelaire avait raison ! et il nous faut la chérir si, comme nous pouvons l’espérer, de la totalité de tous nos maux accumulés, une grande pensée jaillit – qui forgera un grand avenir.

Nous qui avons vécu et qui vivons cette époque, nous n’ignorons rien des problèmes qui l’étreignent, mais nous pensons qu’un surtout les domine (et doit préoccuper tout être éclairé) : celui de l’éducation qui, modifiant l’esprit de l’homme, permettra au « mieux social » de jaillir spontanément.

Il nous semble que là est la tâche première et que cette tâche peut-être un idéal.

L’artiste est de moins en moins l’être fragile et léger que, jadis, les grands attachaient à leur suite. La légende égare beaucoup à son sujet et, dans le grand mouvement nécessaire, sa place nous apparaît non seulement utile, mais indispensable, car il est le prêtre du Beau sur cette terre, il est le créateur du Rêve humain et nulle époque n’a eu besoin de rêve comme celle-ci,- celle-ci que le « dieu de l’Utile » comprime et que le mercantilisme broie.

 

Un sentiment pitoyable envahit l’esprit attentif quand on songe à la laideur que l’homme actuel absorbe, lorsque sa tâche matérielle accomplie, il se dirige vers les distractions que la vie moderne lui offre.

Le Beau, ce sentiment qui développe les proportions de nos facultés spirituelles, reste enfermé dans les musées, dans les cénacles où, les initiés viennent emplir leurs yeux de ses visions apaisantes… Et la laideur peut à son aise étendre sur la boule du monde son lourd manteau où la sottise et la grossièreté s’abritent.

 

Connaître le Beau et l’enfermer en soi est une jouissance égoïste. Il nous a semblé plus humain  d’en répandre la connaissance, d’en exalter la vertu… et c’est pourquoi artistes et écrivains nous nous sommes unis pour tenter cet effort.

Nous voulons montrer l’œuvre accomplie par le génie de l’homme, en inspirer le respect et, certes ! si nous trouvons auprès des éléments éclairés l’appui que nous croyons mériter, cette simple idée prendra tout naturellement l’extension qu’elle doit prendre précisément parce qu’elle est une idée- et qu’elle est simple.

Comité d’Etudes de « l’Ilôt »

Madame Roger BRODERS de l’Ecole du Louvre Histoire de l’Art

Monsieur Sylvain CAHN Critique  Littératures Etrangères

Madame Eliane PELTIER de l’opéra Comique

Monsieur Maurice LAME Littérature du Moyen Age

Monsieur Maxime NEMO Littérature moderne, Poésie

A «  l’Ilôt »

Au dessus des conflits qui convulsent leurs ondes

Erecte ta structure au profil défini,

Et que ton roc, baigné par les clartés fécondes

Accuse intensément l’effort de l’infini !...

Maxime NEMO.