Jacques COPEAU évoque l'état d'esprit de sa génération mobilisée comme Jouvet, et Dullin en 1914: voici ce qu'en disait Charles DULLIN :

" Je paie ma dette; avec amertume souvent avec dégoût, mais après ce sera bien fini...bien fini. Je serai un peu plus anarchiste qu'avant et il ne faudra jamais me parler de ça. Jamais. Chaque sacrifice que je fais, chaque effort pour ne pas me laisser aller à casser la gueule à un de ces cons, me rend encore plus chère la France que j'aime et les sentiments qui m'ont poussé à faire ce que j'ai fait. "

(Journal de Jacques Copeau Tome I p.619 en date du 6 novembre 1914)


et  Copeau ajoute le 8 novembre 1914 :

"Rentré 8 heures trente à la Caserne. pas dormi tard. mon esprit marche. je pense à Shakespeare. cela me calme et me fait vivre."

C'est l'été 14 et Jouvet se retrouve infirmier. La seule, totale  préoccupation est l'oeuvre commune  à accomplir. pour Jouvet, comme pour Dullin d'ailleurs, elle apparaît si importante, pour la France même, puisqu'il engage l'art du théâtre de demain, sa dignité, sa noblesse, qu'il supplie Copeau de renoncer à être mobilisé: "Si vous vous faites tuer, ce sera la mort de notre oeuvre." Nous ferons ensemble un théâtre moderne, repartit Copeau, "ne t'expose pas inutilement". (Louis Jouvet - Qui êtes vous de Paul Louis Mignon (la Manufacture1988)

Chacun sait que leur ami Alain FOURNIER lui, n'en reviendra pas...