Maîtrise
F.L.E.année
1999-2000
Autostéréotype
et hétérostéréotype
dans
les
Lettres persanes
de
Montesquieu
1)Montesquieu
et les Lettres persanes………………………………………………….p4
2)Le
regard étranger…………………………………………………………………….p5
3)Le
rôle des stéréotypes dans les Lettres persanes…………………………………….p5
IIApplications
didactique et méthodologique…………………………………………..p8
1)Préparation
didactique………………………………………………………………..p8
a)conditions
préalables à la mise en place du cours, définition
des objectifs……...p8
b)types
de tâches……………………………………………………………………p9
2)Préparation
méthodologique………………………………………………………….p9
Conclusion…………………………………………………………………………………………p13
Bibliographie………………………………………………………………………………………p14
Nous
avons choisi d’étudier les stéréotypes évoqués
dans les Lettres Persanes de Montesquieu pour de multiples raisons . L’une
d’entre elles est que ce roman épistolaire aborde une grande diversité
de stéréotypes : la femme, les mœurs amoureuses, la vie parisienne,
l’étranger…pour ne citer que ceux-là. Cette diversité
permet de nombreuses possibilités de cours pour unenseignant
suivant la thématique qu’il voudrait développer. Une autre
raison du choix des Lettres Persanes, et peut-être la plus intéressante
est que chaque stéréotype est double, c’est à dire
à la fois hétérostéréotype et autostétéotype.
Enfin, il nous a paru judicieux d’aborder un sujet aussi riche que le stéréotype
par le biais d’une grande œuvre littéraire française afin
d’apporter à des étudiants étrangers, en plus de compétences
langagières, des connaissances sur la culture du pays dont ils apprennent
la langue. L’un des objectifs est de rappeler que maîtriser une langue,
c’est aussi pouvoir avoir le plaisir de goûter une littérature
en V.O., plus authentique.
Dans
une première partie, nous présenterons l’œuvre et son auteur
ainsi que le fonctionnement de la dualité du stéréotype
et ses implications à divers niveaux : critiques, philosophiques,
rhétoriques… Cette présentation du thème des stéréotypes
sera menée dans le but de pouvoir aborder dans une deuxième
partie son aspect didactique et méthodologique qui consistera en
l’étude d’un ou plusieurs textes portant sur un même sujet,
mais de façon autostéréotypée et hétérostéréotypée.
Nous évoquerons également brièvement les prolongements
possibles de cette étude de texte en imaginant le déroulement
d’un cours.
I.Présentation
du thème des stéréotypes dans les Lettres Persanes
de Montesquieu
1)Montesquieu
et les Lettres persanes.
Les
Lettres persanes ont été publiées en 1721, en un siècle
épistolier entre tous où le roman est frappé de suspicion
et souvent censuré. C’est pourquoi les auteurs utilisent la correspondance
fictive, à la fois pour crédibiliser lafiction
mais aussi pour dégager leur responsabilité en cas d’attaque
pour immoralité, l’attaque la plus fréquente. Cependant,
la spécificité des Lettres persanes de Montesquieu réside
dans sa polyphonie et son ouverture sur la critique sociale. Son auteur,
Montesquieu, est un savant qui s’intéresse aussi bien aux causes
de l’écho qu’aux glandes rénales sur lesquelles il rédige
des mémoires, c’est aussi un magistrat de convictions, un parisien
mondain qui côtoie Fontenelle et Marivaux dans les salons littéraires,
et un voyageur qui compare durant trois ans tous les systèmes politiques
d’Europe afin de trouver le meilleur. Bref, cet homme hors normes nous
semble à même de susciter quelque intérêt auprès
d’étudiants étrangers et pourrait bousculer l’image souvent
rébarbative de l’auteur du Siècle des Lumières souvent
perçu comme inaccessible au profane. Aborder le stéréotype
par le biais des Lettres persanes nous semble judicieux également
dans la mesure où à l’instar de son auteur, ce roman épistolaire
est atypique par l’humour qui le sous-tend. Les Lettres persanes nous raconte
le voyage d’étude de deux seigneurs Persans en France, Usbek et
Rica, situation proche s’il en est d’étudiants en F.L.E., autre
motif qui encourage l’adhésion de ces étudiants au choix
de ce texte. Pendant huit ans, Usbek et Rica échangent leurs impressions
avec de nombreux destinataires, et reçoivent de même des nouvelles
de leur pays. Ils ont des personnalités distinctes : Rica est libre
de toute attache, ironique et enjoué tandis qu’Usbek est un philosophe
lucide, parfois amer, préoccupé par les femmes qu’il a laissé
dans son sérail à Ispahan.
2)Le
regard étranger.
Pourquoi
Montesquieu a-t-il choisi de mettre en scène des Persans ? En dépit
de l’orientalisme de pacotille qui est en vogue à cette époque,
nourri des Mille et une nuits et autre Enlèvement au sérail
mozartien, force est de constater que Montesquieu ne s’intéresse
pas vraiment aux Persans en tant que tels mais plutôt au regard qu’il
leur attribue, un regard étranger, donc neuf, qu’il fait se poser
sur une réalité parisienne dont il relève les absurdités
et les travers. Cependant, malgré ce désintérêt
relatif de Montesquieu pour ses personnages persans, il a mis en œuvre
de nombreux stratagèmes visant à authentifier leur origine
et à crédibiliser leurs lettres. Il reproduit ainsi un calendrier
oriental pour dater leurs lettres, cite des villes persanes et surtout
brosse une peinture des mœurs persanes des plus caricaturales où
réside précisément de nombreux stéréotypes.
Ainsi, Usbek et Rica, sous leurs déguisements persans, portent un
pseudo regard étranger sur les mœurs françaises qui relève
en fait de l’auto stéréotype, tandis que le regard porté
par Montesquieu relève quant à lui de l’hétéro
stéréotype. La boucle est bouclée. Le choix de personnages
orientaux est cependant motivé par la distance énorme qui
existait alors entre la civilisation persane et la civilisation française,
qui implique que tout doive étonner Usbek et Rica. De plus, la découverte
d’une société est nécessairement parcellaire dans
un premier temps, car ce ne sont pas des cultures qui sont confrontées
l’une à l’autre mais bel et bien des individus, ce qui permet à
Montesquieu de réaliser de nombreux portraits de caractères
types de la société, stéréotypés ils
sont caricaturés par le filtre grossissant du regard étranger.
Nous pouvons citer le portrait du poète mondain, de l’actrice frivole
ou de la femme adultère. Le regard étranger naît de
la prise de conscience du siècle, ainsi que l’exprime Georges Gusdorf
dans la préface de l’édition de Poche des Lettres persanes,
« il y a des humanités différentes, attachées
à leurs évidences comme nous le sommes aux nôtres.
L’image de l’homme se démultiplie et les certitudes pluralisées
se démentent les unes les autres ». Ces « certitudes
pluralisées » n’incluent-elles pas les stéréotypesdans
la mesure où le stéréotype est défini notamment
par J.P. Leysens comme une « théorie implicite de la personnalité
que partage l’ensemble des membres d’un groupe à propos de l’ensemble
des membres d’un autre groupe ou du sien propre ». Il reste enfin
à préciser que les stéréotypes des Lettres
persanes sont de deux natures : ethniques et sociaux. En effet, d’un point
de vue global, Montesquieu oppose la vision du Français à
celle du Persan, mais dans une optique plus restreinte, il se livre également
à une catégorisation de différents types sociaux français
et persans. Concernant ces derniers, par exemple, nous pouvons évoquer
la figure de l’eunuque, celle du mollak (théologien musulman), du
médecin Juif et surtout de la femme prisonnière du sérail,
l’une des plus développée dans le roman.
3)Rôle
du stéréotype dans les Lettres persanes.
Le
stéréotype est indissociable de l’ironie présente
dans le roman. La définition de l’ironie se résume à
peu près à celle-ci : « raillerie qui consiste à
dire le contraire de ce que l’on veut faire entendre ». Cette figure
de style suppose une reconnaissance du lecteur et par là même,
une lecture active. Or, le stéréotype nécessite cette
même reconnaissance et procède ainsi du même ressort
que l’ironie.Pour Montesquieu, l’usage
de l’ironie et du stéréotype ne participe pas seulement d’une
volonté de créer l’adhésion de son lectorat par l’humour,
ils sont aussi de puissants vecteurs de réflexion. Les portraits
stéréotypés permettent en effet àMontesquieu
de se livrer à une critique des mœurs. Entre la fin du règne
de Louis XIV et le début de la Régence, les Français
s’émancipent de la tutelle rigoriste du roi et la moralité
du pays s’effondre. Cette situation est propice à la critique des
mœurs qui s’attache ici particulièrement aux femmes dont Montesquieu
stigmatise la frivolité et le libertinage, ainsi que le pouvoir
qu ‘elles exercent sur les puissants. A cette critique générale
des mœurs s’ajoute la satire des individus, des parasites pour la plupart,
qui n’épargne aucun milieu : intellectuel, politique, militaire,
religieux… Le stéréotype acquiert la valeur d’un formidable
outil de pensée dans la mesure où il permet un décentrement
intellectuel qui ouvre l’esprit à la relativité de toute
chose, à la pluralité des cultures. Le stéréotype
peut être envisagé comme l’outil d’une rhétorique de
l’exemple qui vise à faire prendre conscience d’une vérité
par l’exposition d’un exemple frappant qui oblige le lecteur à réfléchir.
Le regard étrangerpermet
de mettre en œuvre une raison comparative, et de cette comparaison naît
une réflexion sur notre propre culture. A cet égard, le stéréotype
en tant qu’outil de raisonnement nous paraît en adéquationavec
la philosophie des Lumières. En effet, si l’on admet que la philosophie
naît du doute, ainsi que l’a dit Descartes, nous pouvons nous accorder
à dire que le stéréotype est également un outil
philosophique dans la mesure où il génère le doute
en nous obligeant à réfléchir sur des aspects de notre
société ou de celle de l’Autre qui auparavant nous apparaissaient
comme allant de soi, et pourtant empreints de préjugés. Les
stéréotypes ont ceci de pernicieux qu’ils sont le plus souvent
inconscients. Tout le monde sait que les Noirs ont le rythme dans la peau,
que les femmes sont plus sensibles que les hommes et qu’il y a en France
un bistrot par habitant. Or, si un étranger s’étonne de ces
affirmations ou s’il les conforte par des portraits caricaturaux, nous
sommes contraints d’y réfléchir car cette vision outrée
nous oblige à en percevoir le ridicule et le non-fondé. Tel
est le projet de Montesquieu, faire réfléchir ses lecteurs
en les distrayant par les portraits qu’ils font des étrangers ou
de ceux que les étrangers font d’eux-mêmes, dans une perspective
humaniste de tolérance entre les peuples et de relativisation des
vérités que l’on croit absolues. Le stéréotype,
en nous montrant nos idées fausses, joue ici le rôle de révélateur
de la vérité.
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1)Préparationdidactique.
a)Conditions
préalables à la mise en place du cours et définition
des objectifs.
La mise en place d’un cours centré sur les Lettres persanes suppose dans un premier temps que l’on s’adresse à un public qui s’intéresse à la culture française ou que cet intérêt soit compatible avec l’objectif général qui leur a été fixé. En effet, des apprenants dont l’objectif principal serait d’acquérir le langage spécifique des échanges commerciaux pour des raisons professionnelles, par exemple,n’auraient que faire de connaissances délivrées sur un sujet aussi peu en rapport avec ce qui les préoccupe que les stéréotypes dans les Lettres persanes. Aussi ce cours s’adresserait-il plutôt à des étudiants dans un cadre scolaire où l’on privilégie davantage la transmission d’une bonne culture générale. De plus, ce cours s’adresserait également à des apprenants qui ont déjà un bon niveau de langue, tant à l’oral qu’à l’écrit, bien que, comme nous allons le voir, il faille démythifier la complexité des textes non contemporains, qui plus estde ceux qui marqués par le sceau dissuasif « made in Siècle desLumières ». A notre avis, ce texte, en raison de son humour et des similitudes qui peuvent exister entre l’expérience vécue par les personnages et les apprenants dans la perspective de la découverte de la culture française nous semble à même d’intéresser un public de grands adolescents et d’adultes. Ainsi que nous l’avons brièvement évoqué, la finalité de ce cours serait, à un niveau général, que les apprenants soient capables d’exprimer leur opinion, et à un niveau plus spécifique, qu’ils soient capables de comprendre un texte et d’en faire une analyse succincte. Un autre objectif, plus tacite et totalement équivoque, est d’initier des apprenants au plaisir de la lecture en version originale à l’aide d’un texte attractif.
b)Types
de tâches
Si
le point de départ de ce cours est la lecture d’un ou plusieurs
textes, cette lecture peut s’ouvrir sur de nombreuses possibilités
: l’identification des stéréotypes présents dans le
texte, une surenchère écrite ou orale de stéréotypes,
un débat Français / Persans. Les possibilitésdépendentégalement
du thème retenu par l’enseignant, aussi nous limiterons nous à
la description de la tâche de départ qui consiste, comme nous
l’avons dit, à une présentation et une étude de texte.
2)
Préparation méthodologique
Déroulement
de la séquence : 1 h 30
Consigne verbale : lecture individuelle de 10 minutes de la Lettre XXVI
A
partir de « quand vous relevez… » jusqu’à la fin.
Extrait
choisi de la lettre XXVI de Usbek à Roxane
«
Quand vous relevez l’éclat de votre teint par les plus belles couleurs
;quand vous vous parfumez tout le corps des essences les plus précieuses
;quand vous vous parez de vos plus beaux habits ;quand vous cherchez à
vous distinguerde vos compagnes
par les grâces de la danse et par la douceur de votre chant ;que
vous combattez avec elles de charmes, de douceur et d’enjouement, je ne
puis pas m’imaginer que vous ayez d’autre objet que celui de me plaire
;et quand je vous vois rougir modestement ; que vos regards cherchent les
miens ; que vous vous insinuez dans mon cœur par mille paroles douces et
flatteuses, je ne saurais, Roxane, douter de votre amour.
Mais
que puis-je penser des femmes d’Europe ? L’art de composer leur teint,
les ornements dont elles se parent, les soins qu’elles prennent de leur
personne, le désir continuel de plaire qui les occupe, sont autant
de tâches faites à leur vertu et d’outrages à leurs
époux ».
Cette
lettre offre une comparaison qui oppose les femmes persanes et les femmes
françaises. Il est intéressant de constater qu’elle présente
deux visions stéréotypées de la femme. En effet, Montesquieu
ne dépeint pas n’importe quelle femme orientale mais celle d’un
milieu social privilégié, l’esclave du harem. Or les femmes
vivant en groupe sont l’objet des fantasmes des occidentaux qui rêvent
de ces femmes soumises, dociles, toutes plus belles les unes que les autres
et préoccupées de leur seule beauté et du désir
de plaire à leur maître et époux. Cette vision n’est
pas exempte d’un érotisme exotique : livrées à elles-mêmes,
ces femmes se consolent par des pratiques saphiques, ou avec les eunuques
ou encore avec des amants introduits clandestinement au harem. Tous ces
cas de figure sont abondamment évoqués dans le roman. La
lettre d’Usbek traite aussi implicitement des rivalités qui existent
entre les femmes du harem dans la compétition sans pitié
qu’elles se livrent pour conquérir leur unique époux («
…que vous combattez gracieusement avec elles… ») Dans cette lettre,
la femme orientale est précisément décrite ainsi,
se livrant aux soins de sa beauté : « quand vous relevez l’éclat
de votre teint… ». Roxane décrite ici est la parfaite houri
et nombreux sont les termes qui évoquent sa perfection : «
gracieusement », « modestement », « douce ».
Le terme qui apparaît le plus souvent est « douceur »,
qui évoque la soumission, la docilité de Roxane.
A
ce tableau enchanteur répond le portrait de la femme européenne.
Toutes aussi coquettes, ces femmes se parent cependant à d’autres
desseins : plaire à tous. Ce faisant, aux yeux d’Usbek, elles offensent
non seulement leurs époux mais aussi leur vertu. Cette vision est
également stéréotypée dans la mesure où
la femme européenne, et plus spécifiquement la parisienne,
est toujours perçue comme une femme frivole, séductrice.
Ce topos est vivace car il sévit encore aujourd’hui dans de nombreux
pays où la femme française est assimilée à
l’ambassadrice de la mode et à la légèreté
de ses mœurs. Cette image a été largement confortée
depuis le début de notre siècle par la renommée des
maisons de haute couture françaises et par certaine icônes
médiatisées telles que la Goulue, Mistinguett’ , Brigitte
Bardot et tant d’autres. Déjà au XVIIIe siècle, cette
renommée est bien ancrée. Les deux visions proposées
ici conduisent à une vision plus générale de la femme,
tout aussi stéréotypée, qui la décrit comme
un être faible et frivole.
Une
autre lettre, de Rica cette fois, nous offre une autre comparaison des
femmes d’Orient et d’Occident.
Extrait
de la lettre XXXIV de Rica à Usbek :
«
Les femmes de Perse sont plus belles que celles de France ; mais celles
de France sont plus jolies. Il est impossible de ne point aimer les premières,
et de ne point se plaire avec les secondes : les unes sont plus tendres
et plus modestes ; les autres sont plus gaies et plus enjouées.
Ce
qui rend le sang si beau en Perse, c’est la vie réglée que
les femmes y mènent : elles ne jouent ni ne veillent ; elles ne
boivent point de vin et ne s’exposent presque jamais à l’air. Il
faut avouer que le sérail est plutôt fait pour la santé
que pour les plaisirs : c’est une vie unie, qui ne pique point ; tout s’y
ressent de la subordination et du devoir ; les plaisirs mêmes y sont
graves, et les joies, sévères ; et on ne les goûte
presque jamais que comme des marques d’autorité et de dépendance.
»
Contrairement
à Usbek, Rica attribue la beauté et la vertu des femmes orientales
non pas à leur nature profonde mais à la vie réglée
et morne qu’elles mènent au harem « plutôt faite pour
la santé que pour les plaisirs. » La vision de la femme orientale
s’oriente ici sur une réflexion plus générale sur
l’oppression et la liberté. En complément de la
lecture de
la lettre d’Usbek, la lettre de Rica lui donne une autre interprétation
et l’on peut deviner que l’attitude de Roxane n’est pas nécessairement
motivée par son amour pour Usbek, ainsi que celui-ci veut le comprendre,
mais bel et bien par le désir servile de complaire à son
maître afin d’améliorer les conditions de sa captivité.
Dés lors, tout est calcul, y compris les manifestations de joie
qui sont elles aussi « des marques d’autorité et de dépendance.
»
La
lecture de ces lettres peut être complétée par un questionnaire
qui pourra facilité la compréhension et orienter un possible
débat.
Exemple
de questionnaire :
-Comment
est décrite la femme orientale ?
-Comment
est décrite la femme occidentale ?
-Pensez-vous
que ces portraits soient réalistes ?
-Pensez-vous
que la vision des femmes ait beaucoup évolué aujourd’hui
?
Comme
nous l’avons dit, cette étude de texte peut déboucher sur
de multiples activités, mais on pourrait favoriser une activité
orale complémentaire de la lecture et de la production écrite
qu’implique le questionnaire. Ces textes nous ont semblé de nature
à faire réagir un public précisément parce
qu’ils véhiculent des stéréotypes discutables sur
les femmes. Pour faciliter la compréhension du texte et le rendre
moins aride, il serait judicieux de l’assortir de gravures ou de tableaux
datant de la même époque représentant les deux types
de femmes qui y sont décrites.
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Ainsi
que nous avons pu le constater, les Lettres persanes de Montesquieu sont
une œuvre propice au développement du thème des stéréotypes
interculturels. Cette œuvre, par l’identification aux personnages qu’elle
peut générer auprès d’étudiants étrangersqui
découvrent, comme Rica et Usbek, une culture étrangère,
nous semble susceptible de les intéresser à plus d’un titre.
Nous
avons choisi ici de nous intéresser à la vision de la femme,
mais bien d’autres thèmes auraient pu être développés.
L’étude de texte proposée tendait à démontrer
que le stéréotype est un bon point de départ de discussion
dans la mesure où, sans jeu de mot, il est discutable. Il nécessite
cependant, comme nous l’avons dit, une reconnaissance du lecteur, ce qui
justifie le choix d’une œuvre ancienne car la distance temporelle accentue
encore le caractère outré et caricatural du stéréotype.
Le stéréotype est également un bon point de départ
de discussion car il oblige le lecteur à réfléchir
sur sa propre vision du monde et éventuellement à la remettre
en cause. Cet objectif humaniste de tolérance nous semble être
un atout majeur dans une classe d’apprenants en Français Langue
Etrangère qui vivent eux aussi une situation interculturelle.
Bibliographie
Charpentier
J., Charpentier M., Lettres Persanes, Collection Balises, Nathan, 1993.
Dédéyan
Charles, Montesquieu ou l’alibi Persan, SEDES, 1988.
Montesquieu,
Lettres persanes, préface, commentaires et notes de G. Gusdorf,
Livre de Poche, 1984.